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Le pays des éléphants
11 juin 2015

Réflexions sur un départ annoncé

Bonjour,

Aujourd'hui pas de photos, pas de récit d'un périple ou d'une activité sur Samui. Juste des réflexions sur notre futur départ... et oui, nous avons décidé de quitter Koh Samui.

A bon ? Mais pourquoi ?

Pour plusieurs raisons, personnelles, impersonnelles, économiques, culturelles et météorologiques !

Il y a 3 ans maintenant nous avons pris la décision de partir, de quitter la France pour aller voir ailleurs. Non pas pour voir si l'herbe y est plus verte, parce qu'à Biarritz, c'est très très vert !! Non, plutôt pour vivre une expérience, faire autre chose, oser.

Depuis toujours je savais que je partirai, après avoir quitté ma Mayenne natale pour vivre à Paris, j'avais pensé partir au Canada. Les conditions d'entrée dans ce pays sont drastiques, je n'avais pas le profil. D'un autre coté, j'ai toujours été attirée par l'Asie... La vie et ses opportunités ont fait que je suis restée 14 ans à Paris pour ensuite aller vivre à Biarritz et resserer les liens avec mon frère trop longtemps séparé de moi. C'est là que j'ai rencontré Christophe, ensemble dans la maison qu'il avait bâti pour fonder une famille, nous avons beaucoup parlé d'un possible départ, plus tard quand on aurait des enfants, nous voulions voyager. De son coté aussi, ce rêve enfoui remontait à la surface et nous faisions souvent des tours du monde virtuels. Après nos premières vacances en Thaïlande, c'était sûr, quelque chose nous attirerait loin... très loin !

Puis les enfants sont arrivés, bouleversant nos vies et celles de toute la famille. Pendant quelques temps nous avons rangé au placard nos envies d'évasion mais elles sont revenues encore plus fortes et plus concrêtes. 

Réfléchir à la destination n'a pas été bien long, en se posant des questions toutes simples, sur la sécurité de vie, le beau temps, le pouvoir d'achat, la beauté du pays et l'accueil des habitants : la Thaïlande. Koh Samui ! Ile paradisiaque, toute proche du continent, comptant les écoles, les hopitaux, les infrastructures nécessaires à une vie épanouie. 

L'envie de Christophe était de prendre des looooongues vacances, au soleil, vivre en short et en tongs, parler anglais et faire grandir nos lapins dans un environnement tranquille. A terme, peut-être créer un projet immobilier. Pour moi, m'imprégner de la culture Thaï, vivre au plus près de la nature, faire pleins de choses de mes 10 doigts, donner la chance à nos petits de découvrir le monde, ouvrir leurs esprits. 

Nous sommes donc arrivés ici en septembre 2013. Nous avons fait et vécu pleins de choses merveilleuses, tout au long de ce blog je raconte tout ça... mais voilà...........Koh samui, c'est super ! pour la retraite... ou pour de grandes vacances.... ou quand on travaille... ou quand on a pas d'enfant...Notre copain Gérard nous disait l'autre jour : "vous êtes trop jeunes pour vivre ici".

C'est vrai ! Alors, pourquoi ne pas créer un business ? Après avoir fait le tour de la question et surtout à force d'entendre des expériences difficiles, il faut se rendre à l'évidence : tous les businnes qui fonctionnent sont tenus par des expats mariés à des Thaïs. Et oui, ici l'association est obligatoire donc le plus sûr est de s'associer avec sa propre femme. Sinon, le fait de contourner la loi pour faire signer des associés de paille et ensuite racheter les parts d'une façon pas très légale, c'est juste pas dans notre culture, pas dans notre fonctionnement de français éduqués par et pour les lois. C'est vrai, ici le système est fait pour être contourné, d'ailleurs tous les "farangs" qui constuisent des maisons ou des hotels contournent !! Ok, admettons que l'on soit d'accord pour le faire, le contexte économique mondial n'est franchement pas idéal pour miser sur le tourisme dans les mois et les quelques années à venir, sachant que les économistes misent sur un change euro/bath défavorables pour les européens.

Alors voilà, sans business, sans travail, que fait-on à Koh Samui ? La même chose que partout ailleurs me direz-vous...avec la mer chaude, les ballades en bateau, Koh Phangan, les éléphants et la nourriture Thaï en plus !

Quand le week end arrive on se demande ce que l'on va faire. On va faire les courses, on les laisse aux aires de jeux du supermarché, ça les occupe, ils s'amusent beaucoup et souvent ils retrouvent des copains de classe. Ils vont à la piscine, ils adorent mais depuis 3 mois, il fait tellement chaud que l'eau est à 36 °C. On est rouges comme des tomates cuites ! Pour la plage, même chose, le soleil, pas beaucoup d'ombre, pas beaucoup d'eau qui est à 33 ou 34 °C puisque à cette saison, la mer s'en va !!! En fait, on cherche la fraîcheur qu'on ne trouve pas ! Nos organismes d'européens ne sont pas fait pour supporter de telles chaleurs sur une si longue période. On est fatigués, les enfants aussi, tout le monde transpire à grosses gouttes, les esprits s'échauffent aussi. Ils s'ennuient... On aimerait leur trouver des activités, leur faire faire du sport mais ici... pas de choix : arts martiaux ou arts martiaux ??? Arthur n'est pas emballé. Héloïse aurait aimé faire de la danse mais c'est le soir, de la Guitare ? elle est trop petite. De la natation syncronisée ? hein ??? Il y a bien le piano mais bon, les copines de la classe y vont, j'ai peur que ça ne soit qu'une salle de jeux pour enfants riches !! ooups...Le vélo dans le jardin on oublie : choux, cailloux... genoux !! les chutes ont eu raison de nous puisque nous ne voulons pas faire le tour du jardin avec eux pour les éviter ! Arthur fait du quad, il adore ballader sa petite voisine et copine Thaï...mais le problême est qu'ils s'arrêtent chez tout le monde pour faire coucou, ils s'incrustent et à la manière des petits russes se promènent partout où on ne les trouve pas. Le jardin étant très grand et hostile, bien que nous n'ayons vu que 3 serpents et un scorpion en 1 an et demi, je n'aime pas le laisser aller sans savoir où il est. Mère poule peut-être...

Il n'y a pas ici de terrain de sport, d'esplanade piétonne où se promener tranquillement à vélo ou à pied... et s'il y en avait, on ne pourrait pas en profiter : il fait trop chaud. Tu dors sous le ventilateur ou la clim, tu es bien, tu marches tu transpires, tu manges tu transpires, tu vas à la plage tu transpires, sauf si tu prends le scooter, ça fait de l'air !!! alors, aller faire du vélo : tu meurs ! de la marche tu meurs, de la randonnée : on vient te chercher en ambulance !!! lol 

J'exagère un peu parce qu'il y a 2 ou 3 mois de l'année (janvier, février, mars) pendant lesquels il fait moins chaud, il ne pleut pas et tout est facile et parfait. Le reste du temps soit il fait trop chaud, soit il pleut. Certes pas 24H/24 mais de quelques minutes à quelques heures par jour. En ce moment, c'est la saison des orages, presque toutes les nuits l'orage gronde. Depuis environ 15 jours, chaque nuit est ponctuée de coups de tonnerre plus ou moins lointains, il pleut parfois de quelques gouttes à plusieurs heures mais dans la journée il fait beau. C'est pour ça aussi que les journées sont si chaudes et moites avec des températures entre 33° et 36°.

Depuis que nous sommes ici nous sommes allés une fois au cinéma, voir Cinderella (Cendrillon)... C'était super, les enfants ont adoré. Mais voilà, il n'y a que  très rarement des films adaptés aux jeunes enfants, et le cinéma asiatique se résume par de l'ultra violence, du sang, des guerres et des monstres. Pas notre tasse de thé !! Il n'y a pas de musée, pas de salle d'exposition où on pourrait leur faire découvrir la peinture, la photo, des arts... Alors l'ordinateur tourne à plein régime sur les dessins animés et les films pour enfants sur youtube. Pour nous adultes, ça va, on s'informe et on s'instruit sur le web, on passe des heures à glaner des informations correspondantes à nos centres d'intérêts. Déjà en france nous n'étions pas très branchés par la télévision et ses programmes alors ici, nous avions rendu la télé et son décodeur satellite dès notre arrivée. Youtube répond à notre besoin de visionner un film le soir quand les enfants sont couchés. Mais en tant qu'ancienne parisienne, adorant aller au musée régulièrement, aller aux expos et aux concerts, le vide artistique et culturel commence à se faire sentir. Je sais, nous ne sommes pas à Bangkok ! Il est vrai que cette ville très dynamique offre tout ce qu'on pourrait attendre mais bon, vivre dans cette mégapole ne nous attire pas.

Un autre vide aussi se fait sentir : la famille ! grand et vaste sujet abordé à de nombreuses occasions avec d'autres expatriés. On le sait, le départ vers un pays étranger est un bouleversement pour des parents, des frères et soeurs. Le dire est une chose, le vivre en est une autre. Avant de partir nous disions : "ça va aller, nous rentrerons une fois par an, et vous viendrez une fois par an. On coupe l'année en 2 et tout va bien." Sauf que ça n'est pas si simple. Notre retour dépend des dates de vacances des enfants, et les parents ne veulent et peuvent venir que pendant la période la plus intéressante : l'hiver. Sachant que nous rentrons en octobre (vacances scolaires) et que les parents arrivent en décembre, ou janvier pour 2 ou 3 mois, l'année n'est pas vraiment coupée en deux. Les parents de Christophe sont partis en mars donc 6 mois et demi, ça va, mais parents sont partis en janvier et on ne les revois que début octobre : 8 mois et demi. Ils sont venus l'an dernier et n'ont pas l'intention de revenir de si tôt. En effet, des problèmes de santé, d'adaptation à la vie locale, à la nourriture viennent gâcher le tableau. Et, c'est sans compter sur le départ de France de mon frère qui lui est partit refaire sa vie à Madagascar ! Mais qu'est ce qui se passe dans cette famille, pour que tout le monde ai envie de partir ??? Lui aussi a eu envie d'aller voir ailleurs et découvrir une autre culture, faire autre chose, oser... On ne peut pas lui jeter la pierre, peut-être que nous sommes un peu responsables. A vrai dire, s'il était partit le premier, nous ne serions pas partit si loin...  là j'avoue que de savoir mes parents seuls là-bas me dérange une peu. Quand on part on ne pense pas à ça, on ne pense qu'à nous, qu'à nos projets et nos rêves. On se dit que ça sera facile pour tout le monde de voyager, de venir en vacances ici et profiter d'eux dans un autre cadre, mais voilà... Les enfants ont besoin de voir leurs grands-parents, skype c'est bien mais bon, ils s'amusent à se regarder, disent boujour et hop, passent à autre chose. Par contre ils en parlent beaucoup et nous disent qu'ils veulent leur faire des calins et des bisous, manger des fraises dans le jardin de papyboule et des tomates dans celui de papily. 

Alors voilà, pour toutes ces raisons, nous avons pris une grande décision, après une discussion très rapide et seulement 2 ou 3 jours de réflexions : nous quittons notre coin de paradis... Mais on va où ? Pas en France, non... En espagne ! Alicante : sur la côte méditéranéenne, là où il fait beau toute l'année mais moins chaud qu'ici. On pourra continuer à vivre en short et en tongs et ça c'est top ! L'hiver n'y est pas trop froid et pas trop long, suffisament pour permettre au corps de se reposer après l'été. C'est amusant de penser à ça aujourd'hui, parce qu'avant de partir pour la Thaïlande nous avions discuté avec un ex expatrié de l'île Maurice qui nous avait dit qu'il était rentré par qu'il avait besoin de l'hiver. A l'époque on avait trouvé ça bizarre, aujourd'hui on comprend.

Quand on parle avec des expats fraichement arrivés, on est confrontés à des réactions catégoriques : mais non, il y a tout pour être parfaitement heureux ici... vous allez partir et vous allez le regretter !! dans 1 an vous êtes de retour...

Non, c'est sûr, on ne reviendra pas vivre ici. On reviendra peut-être en Thaïlande en vacances, plus tard, lorsque nous aurons voyagé ailleurs et découvert d'autres coins de paradis. Le fait de retourner vivre à 800 km de la famille nous permettra de rentrer en France plus souvent à moindre coût et nous pourrons prendre goût à laisser les enfants chez les grands parents pour partir en amoureux. 

Quand nous avons pris cette décision il y a 2 mois, nous avons projeté de rester encore un an et partir après l'année scolaire donc mars ou avril 2016. Maintenant il nous reste à organiser le retour, rien de très compliqué puisque nous n'avons pas grand chose ici mais il faut quand même vendre le bateau, la voiture, les scooters et les meubles. Nous avons informé les voisins qui nous rachètent des choses, un ami qui rachète surement le bateau, notre proprétaire qui nous reprend aussi certains meubles. On se rend compte qu'en fait si tout se vend si vite, il se pourrait bien qu'on parte plus tôt. A voir, nous attendons quelques confirmations et nous verrons bien...

........................... Si nous partons en septembre ça fera exactement 2 ans passés ici. Deux années de bonheur, de découvertes, de surprises, d'adaptation à des gens si différents dans leur culture, dans leur façon de vivre. Nous aurons apprécié chaque moment, rien à jeter ! Aucune déception à part celles dont je parle plus haut ! Nous repartirons le coeur gros parce que cette riche expérience nous aura fait rencontrer des gens merveilleux. Nous serons un peu frustrés d'avoir mis un terme si vite à ce qui était à l'origine un départ sans date de retour, mais comblés et remontés à bloc pour partir dans de nouvelles aventures.

 

 

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Commentaires
E
bonjour! je ne trouve pas comment vous contacter!<br /> <br /> j'ai lu avec beaucoup d'émotion votre billet et je vois que depuis juin dernier vous navez plus rien écrit. nous sommes un couple avec un bébé de 13 mois et envisageons de passer quelques temps (1 an) en thailande... j'aimerai beaucoup échanger avec vous si vous en avez le temps! merci :)
J
tout est dit ,mais j ' espère que vous ne le regretterez pas ,mais dans un petit coin de ma tête j'en suis contente, et vous le savez bien bisous
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